Platon ( dicours de calliclès )
Calliclès entend pratiquer une critique " généalogique " des lois en débusquant le type de vie qui se dissimule derrière leur apparente impartialité. Les arguments de Calliclès 1. Faite par la masse, la loi en exprime forcément les intérêts et les valeurs. Elle n’est donc universelle qu’en apparence. 2. Cette loi est un instrument d’oppression non par la force mais par un mécanisme d’intériorisation. Elle n’est donc juste qu’en apparence. 3. Les valeurs prônées par cette loi n’ont pas de réalité propre : elles consistent dans le retournement axiologique de la réalité de la force, et l’égalité de droit n’est que la dénégation de l’inégalité de fait. Elle est donc sans consistance. 4. Les meilleures dispositions sont laminées par l’éducation égalitariste. 5. Le vrai droit est celui de la nature qui est foncièrement inégalitaire. En effet, il est universel, nécessaire, irrécusable. 6. Cette fausse loi sous laquelle nous vivons est intrinsèquement fragile, puisqu’elle se maintient en s’appuyant sur un verbiage sans répondant, et grâce à l’absence momentanée d’un individu suffisamment fort pour la renverser en lui et hors de lui. Discussion de chaque argument 1. Calliclès confond expression et représentation. S’il est vrai que les lois représentent la masse, elles ont une réalité qui ne lui est pas réductible. La vraie question est donc celle de la spécificité du politique : un ordre d’existence que son absence de répondant réel n’autorise pas à qualifier d’illusoire. 2. Calliclès suppose que l’homme est un être sorti tout constitué de la nature, c’est-à-dire qu’il est un simple vivant, alors qu’il est le produit des lois. Il est donc absurde de considérer que les lois l’oppressent : elles le constituent comme sujet. 3. L’égalité conditionne l’idée même de loi, à la fois parce qu’elle doit être la même pour tous et qu’elle effectue la forme même de la réflexion,