Poèmes
Les rochers s’enivrent de fraîcheur intemporelleGouttelettes éparpillées en écrins de plaisirPinceaux aux mille larmes embellies de transparenceArc-en-ciel des désirs jaillissants de la montagneUne histoire se dessinejournée ensoleilléeéclat des enfantsles yeux irisés par cette beauté inespéréeLa descenteune marche après l’autrel’enfer n’est pas làLa cascade a métamorphosé l’émotionAlcool sublimé, voluptéL'homme transformé en chérubinpatauge dans le bénitier de la terres’agenouillantéperduparmi les crapauds aux regards cuivrés
Sybille Rembard, Beauté fractionnée, 2002
Hirondelle
Étanché de sa soif, évidé de racines,Escortant le soleil et son arc rougissant,L’oiseau palpe le temps d’une palme de ventPuis griffonne sa chair aux fusains des marines.
Son plumage émargé d’un regard sans rétine,Glisse sa peau de miel et son teint de réglisseEntre les plis fardés d’un ciel crû où blanchissentLa mousse des marais et les pins à résines.
Il fige le plaisir au bout de ses deux ailes,Brise le roc des flots, et d’un stylet de glace,Tranche la soie du jour d’une ganse rebelle.
Lors, son vol passe le Nil, les lacs et les terresOù déjà meurt l’orient sur les hautes terrasses,Pour suivre un lourd radeau dont les voiles s’enferrent.
Francis Etienne Sicard, Odalisques, 1995
La branche d’amandier
De l’amandier tige fleurie,Symbole, hélas! de la beauté,Comme toi, la fleur de la vieFleurit et tombe avant l’été.
Qu’on la néglige ou qu’on la cueille,De nos fronts, des mains de l’Amour,Elle s’échappe feuille à feuille,Comme nos plaisirs jour à jour!
Savourons ces courtes délices;Disputons-les même au zéphyr,Épuisons les riants calicesDe ces parfums qui vont mourir.
Souvent la beauté fugitiveRessemble à la fleur du matin,Qui, du front glacé du convive,Tombe avant l’heure du festin.
Un jour tombe, un autre se lève;Le printemps va s’évanouir;Chaque fleur que le vent enlèveNous dit : Hâtez-vous de jouir.
Et, puisqu’il faut qu’elles périssent,Qu’elles