Poemes d'amour du 16ème siécle
Je vous envoie un bouquet que main
Vient de trier de ces fleurs épanouies ;
Qui ne les eût à ce vêpres cueillies,
Chutes à terre elles fussent demain.
Cela vous soit un exemple certain
Que vos beautés, bien qu’elles soient fleuries,
En peu de temps cherront, toutes flétries,
Et, comme fleurs, périront tout soudain.
Le temps s’en va, le temps s’en va, ma dame
Las ! Le temps, non, mais nous nous en allons,
Et tôt serons étendus sous la lame ;
Et des amours desquelles nous parlons,
Quand serons morts, n’en sera plus nouvelle.
Pour c’aimez-moi cependant qu’êtes belle.
Pierre de Ronsard
Bouche dont la douceur m'enchante doucement
Par la douce faveur d'un honnête sourire,
Bouche qui soupirant un amoureux martyre
Apaisez la douleur de mon cruel tourment !
Bouche, de tous mes maux le seul allégement,
Bouche qui respirez un gracieux zéphyr(e) :
Qui les plus éloquents surpassez à bien dire
A l'heure qu'il vous plaît de parler doctement ;
Bouche pleine de lys, de perles et de roses,
Bouche qui retenez toutes grâces encloses,
Bouche qui recelez tant de petits amours,
Par vos perfections, ô bouche sans pareille,
Je me perds de douceur, de crainte et de merveille
Dans vos ris, vos soupirs et vos sages discours.
Catherine Des Roches
Embrasse-moi, mon coeur, baise-moi, je t'en prie,
Presse-moi, serre-moi ! À ce coup je me meurs !
Mais ne me laisse pas en ces douces chaleurs :
Car c'est à cette fois que je te perds, ma vie.
Mon ami, je me meurs et mon âme assouvie
D'amour, de passions, de plaisirs, de douceurs,
S'enfuit, se perd, s'écoule et va loger ailleurs,
Car ce baiser larron me l'a vraiment ravie.
Je pâme ! Mon ami ! Mon ami, je suis morte !
Hé ! Ne me baisez plus, au moins de cette sorte.
C'est ta bouche, mon coeur, qui m'avance la mort.
Ote-la donc, m'amour, ôte-la, je me pâme !
Ote-la, mon ami, ôte-la, ma chère âme,
Ou me laisse mourir en ce plaisant effort !
Rémy Belleau
Je vis, je meurs :