Point de vue
L’engouement croissant pour le jeu doit-il nous faire parler d’une société du jeu comme naguère d’une société du spectacle ou bien d’une société de consommation.
Nos sociétés, à mesure qu’elles vieillissent ne retombent-elles pas dans une enfance, désirable pour l’insouciance et l’irresponsabilité qu’on lui prête ? Le Jeu est-il l’instrument d’une stratégie de fuite, révélatrice du malaise qui affecte « les hommes modernes ».
A travers la diversité des formes, le jeu se laisse t-il définir d’une manière simple ? Si il crée un espace de liberté salutaire, voire même retomber en enfance, n’est-ce pas pour permettre au joueur de renouer avec la nature même de l’existence.
Les mille et une facettes du jeu
Dans un essai, publié en 1967, Roger Caillois s’essaie à un historique et à une typologie du jeu : il distingue les jeux fondés sur la compétition, « l’ogon », mot issu du grec ancien et signifiant le combat, la lutte. Très anciens, ces affrontements sportifs se déclinent sous des formes diverses plus ou moins guerrières : on le note bien, dans la pratique du jeu d’échec, dont le plateau clos signifie le champ de bataille. Pour refouler cette violence dérangeante, les jeux d’ »ogon » développent souvent un discours moralisateur, insistant sur les valeurs de l’esprit d’équipe.
Caillois discerne, par ailleurs, une seconde forme de jeu, qui reposent sur l’aléa, le sort. Ces jeux sont , eux-aussi,très anciens : que l’on songe aux soldats romains jouant aux dés, la tunique du Christ !
Le jeu semble donc universel, il parait répondre, du fait de son ampleur à un besoin .Lequel ?
La conquête de la liberté
Quelque forme que prenne le jeu, il n’est pas envisageable sans des règles. Ainsi l’apprentissage de la nécessité de la règle participe d’un vaste « Jeu de la loi ».
Le jeu revêt, dès lors, une indéniable valeur pédagogique et l’on comprend aisément le rôle qu’il joue dans l’éducation. Mais les règles imposées par le jeu ne sont valables que