Politique et morale
1. La confusion moderne de la morale du politique
Depuis le 18 e (Lumières), la définition du politique est devenue confuse, à cause du mélange avec la morale. On a pris l’habitude de considérer la politique sous les catégories morales du bien et du mal (comme les idées de droit et de justice). C’est une attitude qui passe pour digne alors qu’elle est surtout paresseuse, puisqu’elle évite l’effort de faire des distinctions. Par commodité, on place tout sous la tutelle de la morale : politique, économie, problèmes sociaux, juridiques, psychologiques…
Mais la morale et la politique n’ont pas le même but. Dans l’Antiquité, Aristote distinguait déjà deux vertus :
- la vertu morale de l’homme de bien, qui vise la perfection individuelle, l’accomplissement de soi, la maîtrise de ses désirs et représentations
- la vertu civique du citoyen, son aptitude à commander et à obéir, à aller dans le sens du salut de la communauté tout entière.
Même si l’on peut souhaiter que l’homme politique soit un homme de bien, il est possible qu’il ne le soit pas tout en étant un homme politique de qualité : « Il est possible d’être un bon citoyen sans posséder la vertu qui nous rend homme de bien. » Aristote
De nombreuses idéologies ont fait et font encore croire à une société parfaitement ordonnée ou à une réconciliation complète des hommes entre eux, à une réalisation optimale de la justice, de l’égalité, voire à l’établissement d’un ordre moral parfait (religion chrétienne, philosophie kantienne, nazisme, communisme, altermondialisme). On le voit, l’identification de la morale et de la politique peuvent conduire à la tyrannie et au totalitarisme :
- combat du bien et du mal,
- diabolisation de l’ennemi,
- programme d’anéantissement de ceux qui s’opposent au bonheur de l’humanité ou du peuple.
2. Autonomie de la loi morale et hétéronomie de la loi politique
La loi morale est autonome, car nous obéissons à une obligation que nous nous sommes imposés