Politique et religieux
SEMINAIRE DE RECHERCHE DE L’ERC (Septembre 2004)
Pascale MACARY
Les rapports du religieux et du politique :
Les thèse de Marcel GAUCHET et Jean-Pierre VERNANT
Je continuerai un peu le travail de Sidi Askofaré en reprenant la thèse de Marcel Gauchet sur le rapport du religieux et du politique tel qu’il l’expose dans Le désenchantement du monde, pour la mettre en tension avec celle de Jean-Pierre Vernant, en particulier tel que sa position est exposée dans son livre Mythe et pensée chez les grecs, en particulier dans le chapitre intitulé “ Du mythe à la raison : la formation de la pensée positive dans la Grèce archaïque ” (p. 373-402). La thèse générale qui va se problématiser différemment chez les deux auteurs est celle-ci : A un rapport originaire posant une continuité entre les plans de la nature, des hommes et des dieux, va se substituer une coupure entre ces différents plans. C’est le politique qui effectue cette coupure. Ce sont les modalités d’effectuation de la coupure opérée par l’assomption du politique qui vont prendre des tonalités différentes chez Gauchet et chez Vernant. J’ajouterai qu’une lecture de Lévi-Strauss s’impose pour comprendre dans les sociétés sauvages cette continuité première. Je n’en dirai rien, j’énonce juste la thèse lévistraussienne de la rupture – puisqu’il y en a une aussi chez lui – mais sans la développer : la distinction des trois plans naturalité/humanité/divinité s’effectue avec l’avènement de ce qu’il nomme la “ révolution ” néolithique. Avec l’agriculture et l’élevage, l’art du potier, le rapport participatif à la nature est subverti pour faire place à un rapport de rendement au monde naturel. “ …cette “pensée sauvage” qui n’est pas, pour nous, la pensée des sauvages, ni celle d’une humanité primitive ou archaïque, mais la pensée à l’état sauvage, (est) distincte de la pensée cultivée ou domestiquée en vue d’obtenir un rendement ”1 La “ pensée domestiquée ” fournit un effort pour soumettre la nature à des méthodes