Portrait de jeanne
Le personnage de Jeanne domine le roman et la vie n'est vue que par le prisme déformant de ses attentes et de ses déceptions. Présente dans tous les chapitres, le lecteur peut découvrir et approfondir son portrait moral et psychologique à travers ses actions ou plutôt à travers ses pensées et sa passivité. Ce personnage identifié toujours par son prénom, comme si son patronyme, Le Perthuis de Vaud ou son nom marital La comtesse de Lamare convenaient peu à "l' humble vérité" qu'elle incarne. Si le titre retenu par Maupassant préfère l'indéfini au défini, il n'en demeure pas moins que derrière la volonté de particularisation se cache (à peine) la volonté de faire de cette histoire particulière l'histoire de toutes les femmes qui ressemblent à Jeanne
Avant que d'observer de plus près le personnage de Jeanne, je la représente par deux "images" qui, me semble-t-il, résument assez bien la psychologie de cette femme qui a 40 ans est prématurément vieillie.
JEANNE OU L'IMMOBILISME
JEANNE OU L'ECLIPSEE DU BONHEUR Jeanne croyait que le lever de soleil qu'elle contemplait à son retour aux Peuples "C'était son soleil ! son aurore ! le commencement de sa vie" Mais les hasards de sa vie lui feront connaître une tout autre réalité.
Jeanne est une éclipsée du bonheur et, au risque de filer une métaphore banale, le soleil de la Corse ne brillera que que le temps d'un plaisir sensuel furtif et éphémère. Très vite, le voile noir de la désillusion reprendra ses droits pour occulter toute lueur d'espoir de bonheur
Ciel noir en pleine jeunesse, ciel noir en pleine maturité, ciel noir à l'âge de la vieillesse.
Toutefois, on peut lire la dernière page du roman comme la fin de l'éclipse : La petite fille qui s'impose dans la vie de Jeanne, à l'heure où "le soleil baissait vers l'horizon, inondant de clarté les plaines verdoyantes" (p.278) lui communique "une chaleur de vie" MAIS Jeanne est déjà tellement vieillie que ce rayon de vie arrive