Meursault, jeune homme d’une trentaine d’années, venait d'un milieu modeste. Il était employé au bureau de poste. Tous les jours, lorsqu’il rentrait de son travail, il prenait son courrier. Ce jour-là, une lettre inhabituelle, un télégramme de l'asile arriva : « Mère décédée. Enterrement demain. Sentiments distingués.» Il le lut. Il venait de l’asile de sa mère. Il resta là, sans rien dire ; aucune expression, aucune émotion ne parcouraient son visage. Pas même une larme ne coula de ses grands yeux marron. Il posa le courrier sur la table du salon, et s’alluma une cigarette en buvant un café, sans changer ses rituels. Puis, comme à son habitude, alla manger chez Céleste. Ce jour-là, tout le monde eût de la compassion pour lui mais aucun sourire apparu de sa bouche charnue. Tous aimaient bien ce grand jeune homme travailleur. Il était sympathique, même s'il était plutôt silencieux. On ne le connaissait pas vraiment, mais on l'appréciait. Il était discret et il ne montrait pas ce qu'il ressentait. Parfois, il avait des attitudes étranges, comme ce jour-là où la compassion des autres le gênait. Après avoir mangé, Meursault rentra chez lui, écouta son traditionnel morceau de musique classique et alla se coucher vêtu de ses vêtements journaliers mais aucune sensibilité affective ne sortez de son visage arrondi.
Comme il aimait que tout soit organisé, et n'aimait pas les surprises ni les changements d'habitude, il organisa son voyage avec précision. N'ayant pas de costume, il en emprunta un à Emmanuel. Meursault enfila un pantalon noir droit sur ses jambes arquées qui était trop large pour son mince corps. La chemise noire d'Emmanuel faisait encore plus ressortir cette fine silhouette qui traduisait sa souplesse et son dynamisme. . La cravate noire et le brassard lui donnaient de l'élégance et faisaient de lui un homme séduisant.
Puis, il prit l'autobus de deux heures. Il dormit pendant tout le trajet, son poids pourtant peu important l'enfonça dans son siège :