Portrait staline dans de gaulle chap 2
a) Un décor festif
Cette rencontre entre deux grands dirigeants n'a évidemment rien d'insignifiant. Elle a pour but de replacer la France dans le concert des nations qui reconstruiront le monde de demain, de prémunir la France et la Russie de toute nouvelle attaque allemande dans le cadre d'une alliance. Alors ce séjour est fait, chaque jour, de ses festivités, de ses réjouissances. D'abord, la délégation française assiste à « un beau ballet dansé au Grand-Théâtre » (p. 81). S'ensuit, toujours à la Maison de l'Armée rouge, « une imposante séance de chants et de danses folkloriques ». Quant à de Gaulle, il est convié à recevoir « à l'ambassade tout le Moscou officiel » (p. 82). Staline, recevant son hôte, l'invite à un « repas stupéfiant » : en effet, « La table étincelait d'un luxe inimaginable » (p. 93) au cœur même du Kremlin.
b) Le jeu des politiques
Staline et de Gaulle ne dérogent pas à la règle : l'homme politique est aussi bien une élite intellectuelle qu'un acteur doué d'habileté. Parce qu'ils négocient, ils troquent leur habit de dirigeant pour le costume du comédien. Staline, de son « air rustique », dissimule derrière son « apparence débonnaire » un zèle sans commune mesure (p. 93). Il tient à rassurer son interlocuteur : « Communiste habillé en maréchal, dictateur tapi dans sa ruse, conquérant à l'air bonhomme, il s'appliquait à donner le change » (p. 78). Face à « l'homme d'acier » masquant sa rudesse et son jeu de rôle, le chef du GPRF endosse à son tour son rôle en feignant l'indifférence : « J'affectais ostensiblement de ne pas prendre intérêt aux débats » (p. 95).
c) Le « tragi-comique » d'une scène insolite
De Gaulle traite ce passage avec un lexique théâtral. Lorsque Staline porte un toast en l'honneur de ses collaborateurs, le Général y voit une « scène extraordinaire » (p. 94). En effet, Staline « Trente fois, [...] se leva pour boire à la santé des Russes présents » et leur adressa un mot personnel,