Portrait d'un conquérant
1- Un parfait orateur :
En effet, nous avons certes le portrait d’un parfait libertin, mais aussi celui d’un conquérant. Le libertinage de Don Juan passe par la volonté de conquérir. Être le maître d’un cœur ne suffit pas, il faut parcourir des contrées inconnues pour ravir des cœurs toujours différents. Aussi, l’unité de lieu, propre à l’esthétique classique, va-t-elle sans doute être enfreinte. Tout d’abord, il apparaît au spectateur comme un beau parleur. En effet, il utilise un vocabulaire très imagé. Par exemple, dans le but de démontrer que rien n’est plus contraire à la nature humaine que la convention du mariage, il use de la métaphore de l’ « auto inhumation » : « de s’ensevelir pour toujours dans une passion, et d’être mort dès sa jeunesse » (l.5, 6). Afin de prouver à Sganarelle que les chaînes de la fidélité, imposées par le mariage, stérilisent le désir et tuent l’homme, il utilise des images très évocatrices, rendant ainsi son argumentation plus forte. De plus, toujours avec cette même volonté, il use d’un vocabulaire hyperbolique : « on renonce au monde » (l.2), « mort » (l.6), « si j’en avais dix mille » (l.20), « par cent hommages » (l.24), « aimer toute la terre » (l.43), « Alexandre » (l.43). Don Juan se présente donc comme un fin orateur, sachant exploiter les ressources du langage afin de persuader son auditoire. Le spectateur en déduit bien évidemment qu’il use de cette facilité-là pour gagner les cœurs féminins.
2- Le propriétaire de la gente féminine :
En outre, il affirme désirer être le propriétaire de la gente féminine. Il rêve d’être le maître du monde du désir et de détenir non pas une seule mais toute les âmes. Son ambition n’est pas celle d’un homme mais bien plutôt celle d’un Dieu qui possèderait les âmes féminines. A cet égard, notons la présence du champ lexical du regard : « yeux » (l.3), « yeux » (l.7), « yeux » (l.16), « voir » (l.16), « vois » (l.19), « voir » (l.25). Don Juan fait