Faut-il maîtriser ses désirs ?
"Freed from desire, Mind and senses purified."
Gala, Freed from desire Introduction
Est-il possible de comprendre ce qui anime les hommes ? Est-il possible d'en tirer des conclusions sur ce qu'ils devraient se donner pour objectifs ? Il serait plus facile de répondre à ces deux questions si les humains n'étaient que des animaux occupés à satisfaire leurs besoins et leurs envies, ou, tout à l'opposé, de purs esprits guidés par la seule volonté rationnelle. Pour l'homme, l'énigme vient de ce qu'il n'est "ni ange, ni bête", selon la formule de Pascal, autrement dit qu'il est un être de désir. Sans doute est-il d'abord animé par des pulsions et par des besoins d'origine corporelle. Mais lorsqu'il se représente en pensée l'objet susceptible de le satisfaire, qu'il en ait le souvenir ou qu'il l'imagine, et que cette pensée soit consciente ou inconsciente, il en éprouve alors le désir. On pourrait en déduire que les mots pulsion et besoin désignent l'origine corporelle du désir, lequel serait leur représentant dans le psychisme, sans qu'il y ait entre eux de différence de nature et de valeur. Pourtant, en tant que réalité psychique propre à un sujet vivant sous le regard d'autres sujets, le désir n'est pas réductible à un besoin organique. Il en va ainsi du désir amoureux, du désir de gloire, de puissance, de richesse, de reconnaissance, de savoir ou de sagesse. Autre différence : alors que le besoin peut être comblé par l'objet qui lui manque, on se demande si le désir vise un objet saisissable ou un fantasme inaccessible, et même s'il cherche à être pleinement satisfait.
Par-delà le caractère ambivalent et énigmatique du désir, ce qui semble faire l'unanimité dans la tradition philosophique, c'est qu'il est une dimension irréductible de l'homme, en tant que corps vivant et pensant, dès lors que son corps et son esprit ne vivent pas séparément l'un de l'autre. Mais cette interdépendance pose des problèmes à celui qui se demande pour