Pour un oui ou pour un non, Nathalie Sarraute, commentaire dramaturgique
Une conversation habituelle passe par des mots d’apparence anodine, mais qui deviennent rapidement des lieux où foisonnent des sens obscurs et disparates et où les non-dits et non-compris se mélangent. C’est ce que semble exposer la pièce de Nathalie Sarraute, Pour un oui ou pour un non, dont déjà le titre peut annoncer cette facette de la discussion, lieu oral du langage où les mots se placent comme des entités qui selon leur contexte syntaxique, leur environnement silencieux ou verbal, l’intention, l’intonation, l’émotion, l’entendement de ceux qui les prononcent prennent des visages différents.
L’extrait étudié, la scène d’exposition de cette pièce, première scène fondatrice, pose ces mots en lieu d’action, en affirmant comme condition d’existence de cette scène, et donc, à plus forte raison, de cette pièce, ce pourquoi les deux personnages, H1 et H2, qui d’ailleurs ne sont pas plus personnels que les mots qu’ils emploient, ont pris leur distance, ou plutôt ce pourquoi H2 se serait éloigné d’H1, un « ce » qui dès le début de la pièce prend la forme du déictique « ça » qui parsème le texte de cette apparente conversation, en changeant de sens et créant des décalages permanents entre les personnages en présence.
Comment toute l’action de cet extrait se cristallise dans l’exploration de ces mots indéfinis, larges, "ça", "rien", "quelque chose", "des mots" et de ce qui les entoure, faisant de la conversation banale montrée le lieu premier de l’action ?
Il s’agit d’abord de saisir les contours de « ça », dans une poursuite par H1 de H2 et surtout de cette raison que seul lui peut expliquer, pour ensuite devenir « des mots », entrecoupés de silences et de « rien », qui finalement semblent s’expliciter dans un « C’est bien...ça ».
Toute la scène est annoncée par la première paire de répliques : ce que H1 « voulait [...] demander », ce pourquoi « il est venu », la quête de « ça » ; sous la forme orale d’un début de