L’homme est un être de désir. Cela est un fait. On peut même penser que c’est la conscience qui rend possible le désir, au sens où seule la représentation de ce qui comblerait un manque ferait naître le désir. Or pour quelles raisons sommes-nous capables de désirer ce qui n’est pas nécessaire ? Qu’est-ce qui, en effet, peut motiver cette recherche de ce qui n’est plus de l’ordre du besoin, lequel recherche plutôt tout ce qui nous est nécessaire ? Pourquoi, qui plus est, désirer ce que l’on n’est jamais sûr d’obtenir ? Dès lors, il faut se demander en quoi le désir comme recherche de ce qui n’est pas nécessaire paraît injustifié, puis s’il n’y a pas cependant une illusion propre au désir qui rendrait son objet nécessaire, enfin, en quoi ce qui n’est pas nécessaire peut malgré tout nous motiver de par son caractère idéal et même inaccessible. I Caractère injustifié du désir
Le désir ne porterait-il pas précisément sur ce qui n’est pas nécessaire, à la différence du besoin ? Dès lors, comment comprendre que l’homme se tourne, au risque de ne pas être satisfait, vers ce qui dépasse le besoin ?

I-1 Différence entre désir et besoin
Le désir se définit comme manque. Pour autant, le désir est à distinguer du besoin car autant le manque qui surgit dans le besoin est plutôt limité et relatif au strict nécessaire
(boire, manger, dormir…), autant le désir peut être très varié et peut se tourner vers le superflu. Qui plus est, le désir se distingue plus fondamentalement du besoin car, dans le désir, la conscience nous permet de nous représenter ce que nous désirons comme susceptible de nous plaire, alors qu’elle intervient moins dans le besoin.

I-2 On ne comprend pas que l’homme recherche ce dont il n’a pas besoin
Or pourquoi l’homme se tournerait-il ainsi vers ce dont il n’a pas besoin ? On pourrait, en effet, penser que l’instinct de conservation dont est pourvu l’homme le limiterait à rechercher uniquement ce qui lui permettrait de se maintenir