Pourquoi Gargantua dérange ?
Le XVème siècle est représentatif d’un renouvèlement artistique, politique et idéologique dans toute l’Europe : c’est un siècle de conflits religieux dont l’issue est la création d’une nouvelle Eglise chrétienne, de révolution artistique à travers la Renaissance italienne qui se propage très vite sur tout le reste du continent et de changement de valeurs grâce au mouvement humaniste. Ainsi, Rabelais est très représentatif de son siècle car il marque un changement radical dans la littérature à travers ses récits fantastique mettant en scène les Géants Pantagruel et Gargantua. L’œuvre de l’Humaniste est très soumise à controverse, et est même censurée plusieurs fois avant les publications finales. Butor dit dans son Répertoire II : « Le rire de Rabelais est en grande partie un superbe déguisement pour essayer de détourner les ennemis, brouiller les pistes, éviter les censures si terribles alors. » En effet, l’auteur lui-même nous invite à « rompre l’os et sugcer la substantificque mouelle », c’est à dire à voir dans son œuvre un sens caché qu’il nous appartient de décrypter. Lamartine et Michelet, quant à eux, semblent plus sceptiques. Quelles sont donc les véritables visées de Gargantua, et pourquoi cette œuvre dérange-t-elle autant ? Nous verrons tout d’abord que l’œuvre est construite selon un idéal irréfutablement humaniste. Par la suite, nous montrerons comment Rabelais enrobe les valeurs morales défendues par l’œuvre dans un récit aux accents fortement burlesque.
Pour commencer, notons que Gargantua est en quelques sorte un « cahier des charges » des ambitions humanistes à travers la révision de l’éducation, la lutte quotidienne pour la paix et la réflexion sur l’homme et sa place dans le monde.
L’accent est tout d’abord mis sur la portée éducative de la vie de Gargantua. L’œuvre est représentative d’une soif de connaissance : l’emploi du temps de Ponocratès, chapitre XXIII, montre l’intérêt porté aux Anciens, à la multiplicité des