Pourquoi les aides au retour et à la réinsertion de l’etat français n’incitent pas les immigrés à rentrer dans leur pays d’origine ? l’exemple des maliens
Master 2 Crises – IEDES
Promotion 2008-2009
auriane.linares@hotmail.fr
Séminaire « Réfugiés »
Note de synthèse
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Pourquoi les aides au retour et à la réinsertion de l’Etat français n’incitent pas les immigrés à rentrer dans leur pays d’origine ? L’exemple des Maliens
Jusqu'au début des années 70, la perception des immigrés dans les Etats européens est réduite à sa dimension économique, comme un apport de main d’œuvre non qualifiée et bon marché, appelée pour la reconstruction d’après-guerre puis pour soutenir l’expansion du secteur industriel. En France, à côté des Maghrébins, les Africains de la vallée du fleuve Sénégal[1] constituent une part relativement importante des travailleurs immigrés et développent de véritables filières migratoires, esquissées dès l’époque coloniale avec l’embauche de travailleurs noirs africains pour les grandes compagnies françaises de navigation.
Au début des années 70, après des périodes de sécheresse au Sahel se traduisant par une nouvelle vague d’immigration, les estimations de l’époque dénombrent environ 65 000 noirs africains en France. C’est à cette même période que le gouvernement décide de mettre fin à la libre circulation des travailleurs migrants, en adoptant en juillet 1974[2] une circulaire suspendant l’immigration de travail. Cette « fermeture des frontières » est justifiée dans les discours politiques par la crise économique et la montée du chômage. S’accompagnant dès 1975 de mesures visant à limiter les possibilités de regroupement familial – le décret est finalement rejeté par le Conseil d’Etat –, elle produit le premier effet pervers et contradictoire de la politique française de contrôle des flux : loin de s’arrêter, la migration circulaire ouest-africaine se transforme progressivement en une immigration d’installation, avec l’arrivée des femmes et des enfants[3]. L’arrêt de l’immigration économique légale se traduit également par l’augmentation de l’immigration clandestine,