Pourquoi l'homme est il inhumain
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Lorsque nous traitons tel ou tel peuple de « sauvage », lorsque nous qualifions ses coutumes et ses rites d'« habitudes de sauvages », nous faisons certes comme si nous le rejetions hors de la culture, dans un « pur état de nature ». Mais, en réalité, le sauvage « pur » n'existe pas, car tout homme est toujours d'emblée inscrit dans une culture déterminée. Par ces expressions, nous voulons signifier en réalité que nous rejetons la culture de l'autre, comme si elle n'était pas digne d'être une manifestation culturelle de l'homme, et devait être abaissée au rang de grossière nature. Ainsi, c'est comme si on refusait d'admettre le fait même de la diversité culturelle, affirmant implicitement ou ouvertement que seule la culture à laquelle nous appartenons est vraie, « normale », modèle et expression de la norme, donc supérieure. Lévi-Strauss précise, à la suite de cet extrait, que le véritable «barbare» est celui qui applique à l'autre ce qualificatif, et se montre ainsi incapable d'accepter la diversité culturelle et la relativité de sa propre culture. Ce à quoi s'oppose cet extrait: L'expression « c'est un sauvage » cache donc en réalité, selon Lévi-Strauss, une forme plus ou moins déguisée de racisme, de peur et de refus de la différence culturelle. C'est dans son texte Race et histoire que Lévi-Strauss développera ces analyses pour montrer que ce refus a habité le mouvement du colonialisme européen depuis le XVe siècle et lui a même apporté ses plus puissants alibis. C'est, en effet, en raison même de ce rejet que l'on proclamait la nécessité, par la colonisation, de « civiliser les sauvages ». C'était en réalité un prétexte, nous dit-il, pour détruire les formes de civilisation qui ne correspondaient pas aux normes et aux idéaux de celle de l'Occident. Mais le texte de Lévi-Strauss s'oppose aussi à une certaine manière de concevoir le travail de l'ethnologue,manière qui prédominait au début du