Poésies romantiques
Poésies
Romantiques
Sommaire
La promenade d'automne A Juana Ciel brouillé Veni, vidi, vixi Paroles sur la dune Première soirée
La promenade d'automne
Te souvient-il, ô mon âme, ô ma vie,D’un jour d’automne et pâle et languissant ?Il semblait dire un adieu gémissantAux bois qu’il attristait de sa mélancolie.Les oiseaux dans les airs ne chantaient plus l’espoir ;Une froide rosée enveloppait leurs ailes,Et, rappelant au nid leurs compagnes fidèles,Sur des rameaux sans fleurs ils attendaient le soir.
[…]
Seule, je m’éloignais d’une fête bruyante ;Je fuyais tes regards, je cherchais ma raison :Mais la langueur des champs, leur tristesse attrayante,À ma langueur secrète ajoutaient leur poison.Sans but et sans espoir suivant ma rêverie,Je portais au hasard un pas timide et lent ;L’Amour m’enveloppa de ton ombre chérie,Et, malgré la saison, l’air me parut brûlant.
Marceline Desborbes-Valmore, Élégies, 1820
A Juana
Ô ciel ! je vous revois, madame,-De tous les amours de mon âmeVous le plus tendre et le premier.Vous souvient-il de notre histoire?Moi, j'en ai gardé la mémoire:-C'était, je crois, l'été dernier.Ah! marquise, quand on y pense,Ce temps qu'en folie on dépense,Comme il nous échappe et nous fuit !Sais-tu bien, ma vieille maîtresse,Qu'à l'hiver, sans qu'il y paraisse,J'aurai vingt ans, et toi dix-huit?Eh bien ! m'amour, sans flatterie,Si ma rose est un peu pâlie,Elle a conservé sa beauté.Enfant ! jamais tête espagnoleNe fut si belle, ni si folle.-Te souviens-tu de cet été ?De nos soirs, de notre querelle?Tu me donnas, je me rappelle,Ton collier d'or pour m'apaiser,-Et pendant trois nuits, que je meure,Je m'éveillai tous les quarts d'heure,Pour le voir et pour le baiser,Et ta duègne, ô duègne damnée !Et la diabolique journéeOù tu pensas faire mourir,Ô ma perle d'Andalousie,Ton vieux mari de jalousie,Et ton jeune amant de plaisirs
Alfred de Musset, Poésies diverses, 1831
Ciel