Préface à "comme un roman" de daniel pennac
« - Qui n’aime pas lire ?
Une certaine provocation, même, dans cette quasi-unanimité. Quant aux rares doigts qui ne se lèvent pas […] c’est par indifférence résolue à la question posée.
- Bon, dit le prof, puisque vous n’aimez pas lire… c’est moi qui vous lirai des livres. »
Quel âge avais-je ? 16 ans ? Futile encombrement de lire ne serait-ce qu’une page de ces Misérables ou encore un seul paragraphe de ce monstre de Tolstoï ! Je n’aurais jamais perdu une seule seconde mes journées à lire ces rassemblements de connaissance encyclopédiques ! Plutôt que de m’attarder à ces constructeurs d’ennui je passais mes journées à faire tourner ma Kawa’ dans les rues du quartier, ‘clope’ en main et autres fantaisies de jeunesse ! Je fus très peiné de ne découvrir le plaisir de la lecture que si tardivement…
Heureusement je n’étais pas seul à ne pas être littérairement intelligent. Avec moi, 34 élèves en tout genre, de tous lieux qui eux non plus n’avaient jamais ne serait-ce qu’effleurer la page qui nous permet enfin de clamer le travail accompli : lire le dernier mot, photographier le dernier point de la dernière page d’un livre. En somme, une classe d’illettrés au sens le plus littéral du terme.
Comment avons-nous appris à aimer la lecture ? Je ne pense pas pouvoir vous répondre