présentation Dom Juan
Contexte historique :
En 1665, Louis XIV (1638-1715) est un jeune monarque de vingt-sept ans. Il gouverne en monarque absolu et pour affermir son pouvoir il a développé un culte de sa propre personne. Il sait mettre les artistes à son service et joue un rôle de mécène, c'est ainsi que Molière (1622-1673) bénéficie de ses faveurs. Il s'oppose donc aux dévots qui désigne la Compagnie du Saint-Sacrement, une association catholique secrète et influente dont le but est de lutter contre l'impiété, l'immoralité et le protestantisme.
Le public partage le goût du roi pour le théâtre et les troupes qui jouent dans ces théâtres se livrent une concurrence féroce. Le théâtre est en même temps au cœur de plusieurs querelles idéologiques et les pièces de Molière sont au cœur de ces querelles. C'est en partie pour répondre aux accusations d'impiété que Molière écrit Dom Juan qui met en scène la vie de débauché d'un libertin et sa condamnation finale par Dieu.
Création de Dom Juan :
La première version écrite de l'histoire de Don Juan est L'Abuseur de Séville (1630), une comédie de l'auteur espagnol Tirso de Molina (1583-1648). Cette pièce baroque reprend la morale chrétienne : Don Juan est un trompeur qui multiplie les mauvaises actions et remet sans cesse son repentir au lendemain ; il est foudroyé pour n'avoir pas su demander le pardon de Dieu à temps, mais il n'est pas athée.
En 1665, Molière fait de Dom Juan un incroyant. Cette transformation est une façon de répondre aux accusations qui avaient conduit à l'interdiction de son Tartuffe l'année précédente* : non, il ne tournait pas en dérision la religion, il critiquait les faux dévots ; pour preuve, l'athée Dom Juan subit le châtiment de Dieu à la fin de la pièce. La scène la plus controversée, celle du pauvre (III,2) est supprimée et le dénouement prend la forme d'une leçon solennelle. Lors de sa publication intégrale en 1682, la pièce de Thomas Corneille s’appelant elle aussi Le Festin de