Preface le cahier de douai arthur rimbaud
A NINA .
Fière Nina,
Combien de fois as-tu illuminé mes rêves ? Si tu savais ! Tu n'as jamais voulu de moi, mais je n'ai jamais renoncé à toi. Tu es l'élue de mon cœur, la reine de mes poèmes… Tes yeux verts m'ont toujours guidé dans mon inspiration. Le vert, c'est la vie, le printemps, la fraîcheur, les amourettes des soirs d'été, c'est toi ! - Je sais que tu te moques de moi, ris, ris, mi-femme, mi-déesse - Tu es si belle, et si mystérieuse... Tu as toujours trouvé des excuses pour te défiler, mais j'ai tenu bon. Tu traînes, lié à ta douce et fine cheville, mon cœur, tel un boulet... Je te poursuis avec passion et sans lassitude. Ta silhouette se dessine dans chacun de mes poèmes. Toi, la jeune fille espiègle qui connaît l'unique et véritable liberté. Toi qui t'endors à la Grande-Ourse., les soirs bleus d'été, allongée sur l'herbe menue... J'envie tes bohémienneries, mais je me résous à ne pouvoir te rejoindre que dans les dédales de mes rêves... Nous partageons les mêmes idées, bien que tu n'aies jamais daigné prendre la peine de m'écouter -je suis bien trop insupportable et possessif - c'est ce que tu dis, n'est-ce pas?- Néanmoins, ta voix m'a toujours envoûté et tes paroles ? une musique à mes oreilles. Tu n'aimes pas la guerre, moi non plus ! Tu trouves les hommes fous. Moi aussi. Tu rêves d'errance. Moi aussi. Mais tout cela n'est qu'idées, rêves. La réalité nous empêche d'agir comme nous l'entendons. Mon boulet, c'est ma mère. Le tien, c'est moi. - Avec plaisir- Tes refus ne font qu'animer ma passion. Tu as tout faux. Je me plais à te le signaler. Ah. Nina ! Tu es insaisissable, - c'est du moins ce que tu crois ! - mais tu es prisonnière de mes poèmes ! Parce que tu n'as jamais voulu de moi, et que tu m'as toujours rejeté, j'ai gravé ton nom sur ma plume, et malgré ta volonté, je t'ai fait mienne. J'ai volé le vert de tes yeux pour en faire le décor de mes