Primo levi
Les enfants dans Si c’est un homme et La Trêve de Primo Levi.
COSÌ MORÍ EMILIA
« Ainsi mourut la petite Emilia, âgée de trois ans, tant était évidente aux yeux des
Allemands la nécessité historique de mettre à mort les enfants des Juifs. Emilia, fille de l’ingénieur Aldo Levi de Milan, une enfant curieuse, ambitieuse, gaie, intelligente, à laquelle ses parents, au cours du voyage dans le wagon bondé, avaient réussi à faire prendre un bain dans une bassine de zinc, avec de l’eau tiède qu’un mécanicien allemand “dégénéré” avait consenti à prélever sur la réserve de la locomotive qui nous entraînait tous vers la mort. » ( Primo Levi Si c’est un homme, Presses Pocket,
1987, p19).
Emilia aurait soixante ans aujourd’hui. Elle aurait sans doute apporté beaucoup à l’humanité. Son absence nous est cruelle comme celle de tous les autres enfants qui ont été “engloutis” (“sommersi” en italien) à Auschwitz.
Emilia et les enfants d’Izieu ont une histoire, brève et effroyable, mais une histoire.
Tous les enfants qui ont été gazés à Auschwitz et dans tous les camps d’extermination n’ont pas eu le temps d’avoir une histoire. Ils sont des enfants du néant, des enfants égarés pour toujours, pour l’éternité.
Il y a peu ou pas d’enfants dans “Si c’est un homme”. On les trouve au début, au moment du départ. Ils sont évoqués à travers les soins que leurs mères leur prodiguent, les soins que toutes les mères du monde apportent à leurs enfants, les soins qui sont des marques d’amour qui permettent aux enfants de grandir. Tout cet amour, tous ces soins ont été perdus, dispensés pour rien. Ils ne porteront jamais leurs fruits.
Il faut donner une valeur extrême aux petits gestes quotidiens, à tous ces gestes machinaux et utiles et, imperceptiblement chargés d’amour : « Mais les mères, elles, mirent tous leurs soins à préparer la nourriture pour le voyage; elles lavèrent les petits, firent les bagages, et à l’aube