Professeur
Boileau, poète du théâtre.
XVII
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siècle, définit ici les normes classiques de l’art du
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[…] Le secret est d’abord de plaire et de toucher Inventez des ressorts qui puissent m’attacher. Que dès les premiers vers l’action préparée Sans peine du sujet aplanisse l’entrée1. Je me ris d’un acteur qui, lent à s’exprimer, De ce qu’il veut d’abord, ne sait pas m’informer. Et qui, débrouillant mal une pénible intrigue, D’un divertissement me fait une fatigue […]. Le sujet n’est jamais assez tôt expliqué. […]
Nicolas Boileau, Art poétique, III, 1674.
1. Du sujet aplanisse l’entrée : aplanisse l’entrée du sujet, supprime les difficultés à l’entrée du sujet.
©HATIER
Document B
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ACTE I, SCÈNE 1 Une rue devant la maison de Claudio Marianne sort de chez elle, un livre de messe à la main ; Ciuta, une vieille femme, l’aborde. CIUTA. – Ma belle dame, puis-je vous dire un mot ? MARIANNE. – Que me voulez-vous ? CIUTA. – Un jeune homme de cette ville est éperdument amoureux de vous ; depuis un mois entier, il cherche vainement l’occasion de vous l’apprendre. Son nom est Cœlio ; il est d’une noble famille et d’une figure distinguée. MARIANNE. – En voilà assez. Dites à celui qui vous envoie qu’il perd son temps et sa peine, et que, s’il a l’audace de me faire entendre une seconde fois un pareil langage, j’en instruirai mon mari. Elle sort. CŒLIO, entrant. – Eh bien ! Ciuta, qu’a-t-elle dit ? CIUTA. – Plus dévote1 et plus orgueilleuse que jamais. Elle instruira son mari, dit-elle, si on la poursuit plus longtemps. CŒLIO. – Ah ! malheureux que je suis, je n’ai plus qu’à mourir. Ah ! la plus cruelle de toutes les femmes ! Et que me conseilles-tu, Ciuta ? Quelle ressource puis-je encore trouver ? CIUTA. – Je vous conseille d’abord de sortir d’ici, car voici son mari qui la suit. Ils sortent. Entrent Claudio et Tibia. CLAUDIO. – Es-tu mon fidèle serviteur ? Mon valet de chambre dévoué ? Apprends que j’ai à me