Depuis maintenant dix ans, le propos sur le concept d'autorité envahit tous les secteurs de la vie sociale. Il produit d'une part des discours politiques et médiatiques présentés comme des relais de l'opinion publique. D'autre part, on voit émerger des discours et des débats contradictoires entre les différentes disciplines des sciences humaines. Cette analyse de l'autorité à l'école primaire découle d'un questionnement principal : Quels sont les éléments qui légitiment l'autorité des individus en présence au sein de l'institution scolaire ? À ce questionnement principal s'adjoint différents questionnements secondaires : Existe-t-il des variations d'autorité en fonction de la légitimité accordée par les élèves à l'individu qui l'exerce ? L'autorité prend-t-elle une forme différente en fonction des activités menées, de l'espace, du temps, de la durée ?

Qu'est-ce que l'autorité ? L'autorité peut être définie comme le pouvoir de se faire obéir, sans contrainte physique ni violence. La notion d'autorité est très ancienne, l'étymologie l'atteste : le mot qui nous vient du latin « auctoritas » témoigne que le concept existait déjà dans l'Antiquité. L'idée et le mot viennent de Rome avec la notion d'état. Mais, si le concept a pris dans la tradition romaine un sens précis et un contenu spécifique, la chose et l'idée sont propres à Rome. Avant d'être une notion, l'autorité a été une réalité, un fait social dans toutes les sociétés. C'est une donnée apparemment universelle. Quant en-t-il de l'autorité à l'école ? L'autorité à l'école n'est pas une idée neuve. Actuellement, son image est contrastée, l'aspect répressif y est massivement présent et sa réalité frise l'universalité. La notion d'autorité a bien évolué. Ainsi, discipline, sanctions et punitions font parties des représentations habituelles de l'école. L'évolution de la notion d'autorité est étroitement liée à l'évolution des sanctions : la discipline est nécessaire à la vie en collectivité et les sanctions en