Introduction : L’une des missions de l’éducateur spécialisé est de concourir au bien être de l’usager. Et cette notion de « bien être » concerne aussi bien l’épanouissement que la confiance en soi ou l’estime de soi (…). En montant ce projet, nous voulions favoriser la création d’un lien privilégié entre plusieurs femmes en situation de difficultés sociales. Pour faciliter l’échange entre elles et valoriser leur statut de femme (et non seulement celui de mère), nous avons pensé à la mise en place de différents ateliers de bien être (coiffure, maquillage, sophrologie…). Cet « espace-temps » dédié à la féminité devait leur permettre d'exprimer une autre dimension de leur personnalité, de favoriser leur estime d’elles-mêmes et d'améliorer leur confiance en elles. Cette note de recherche s’attachera donc à étudier en quoi la prise en compte du corps dans l’accompagnement social participe au bien être psychique des usagers et favorise plus précisément l’estime d’eux-mêmes. Nous nous pencherons d’abord sur la définition du concept de « corps ». Puis, nous approfondirons la notion d’ « estime de soi » afin de saisir toute son importance dans la construction d’une identité positive. Enfin, nous reviendrons sur ce qui nous préoccupe : le lien d’interdépendance entre la prise en compte du corps et l’acquisition d’une estime de soi. I. Le corps est « social » : il ne se résume pas à sa dimension physique : Marcel Mauss est formel: il n’existe pas une façon « naturelle » de se servir de son corps. L’usage que l’on en fait dépend, bien sûr, de chaque individu, mais aussi de ses interactions avec son environnement. En évoquant la diversité des « techniques du corps[1] », l'auteur met en évidence l'approche sociale et culturelle de la notion de corps. Construit socialement, le corps est le support de l’identité sociale et culturelle.
Le corps peut aussi être envisagé dans sa dimension physique, mais elle n’est pas la seule. On ne peut réduire le corps à