Proust la prisonnière
Marcel Proust et un auteur qui tout au long de la recherche du temps perdu tente de retrouver l’essence du bonheur au travers de ces moments passés de « ces instants » dit le texte « ces fragments d’une existence ». Car l’écriture de Proust est le moyen de saisir la réalité qui échappe et dire et nommer les choses, c’est construire une réalité. Dans cet extrait l’auteur cherche à définir le sentiment amoureux. Comment l’auteur annonce-t-il que l’amour est un rêve et confirme la solitude de l’être ?
I_le langage de l’amour
II_la solitude de l’être amoureux ?
L’auteur élabore un portrait de l’être aimé, idéalisé par l’érotisme mais apaisé, endormi comme le signalent les phrases longues et langoureuses au rythme régulier tel la respiration de celui qui dort. La métaphore de la femme fleur est traditionnelle du discours amoureux. La personne aimée et une « longue tige », « une plante »… son sommeil est plus loin associé aux zéphyr marin, a « un clair de lune » puis à « un paysage » et enfin « à la baie de Balbek » par un effet de desamplification du désir. Cette description loin du réalisme convenu évite soigneusement le détail et se contente d’être évocatrice : le pronom « elle » souvent répété n’a finalement pas la consistance d’un personnage réel car elle n’est que la projection d’un désir, celui du narrateur, désir qui chosifie l’être aimé afin que l’amour ne soit plus cette expérience « qui l’avait déçu » et ce rêve offre la possibilité d’un accomplissement solitaire et fantasmé du réel. Le narrateur parle finalement de l’amour plus que de l’être aimé, l’allitération en M du terme générique « amour » se répand sur l’ensemble de l’extrait « cette murmurante émanation mystérieuse » où le narrateur s’enivre de la musique du langage amoureux. Car, dire l’amour pour celui qui ne peut pas faire « je ne la possédais pas » est une manière de faire et ainsi