Proust
Extrait p.62 (« Le duc, après un long regard./.. ») à p.63 (« …parfait pour la santé ») PROUST , Marcel, Sodome et Gomorrhe ; Folio Classique, Paris, 1989
Introduction
« La langue parlée, comme la langue écrite, éprouve de temps en temps le besoin de ces altérations de sens des mots, de ces raffinements d’expression. »
Marcel Proust, A la recherche du temps perdu, Le Côté de Guermantes (1921-1922)
Alors qu’en 1968, Roland Barthes proclamait la « mort de l’auteur », Proust, quarante ans plus tôt, offrait au monde le témoignage parfait de cette exécution. A la recherche du temps perdu peut être considéré, à bien des égards, comme une œuvre dont le thème principal est éponyme : plus qu’un rendu poétique et romanesque d’une recherche profonde dans sa mémoire, Marcel Proust nous livre le fruit d’une vie entière d’observations et de réflexions. La grande diversité des centres d’intérêts de l’auteur et du Narrateur d’A la recherche du temps perdu, comme par exemple la botanique, sont autant de clés de lecture du monde et des relations humaines mais aussi une façon pour le lecteur averti d’envisager l’humilité de l’auteur qui se place en simple outil de la langue et de l’œuvre en voulant rendre la vérité de son âme. Chaque artiste serait, pour l’auteur, une voix qui s’élève de façon privilégiée pour donner sa vision du monde et proclamer la multiplicité des réalités en tant que visions d’une individualité. Ce point de vue sur l’œuvre de Proust peut se définir comme une consécration visionnaire du « Nouveau Roman ». De façon plus prudente, il est vrai que les travaux de Proust ont sûrement influencé cette nouvelle forme romanesque sans que l’on puisse pourtant résumer son œuvre par cette clé et sans que l’auteur en ait forcément conscience. Né en juillet 1871 à Auteuil, le jeune Proust fait une entrée remarquée dans le milieu mondain parisien qui
l’adopte très jeune, conquis par son intelligence et sa finesse. Il acquiert dans cette