Prétendre distinguer l'homme de l'animal est ce ligitime ?
Prétendre distinguer l'homme de l'animal, est-ce légitime ?
La différence entre l'homme et l'animal prête à bien des débats et il serait intéressant de se demander pourquoi. Certains mêmes la refusent. Aussi peut-on se poser la question de savoir s'il est légitime de prétendre distinguer l'un et l'autre. Pour répondre à cette question, il nous faut d'abord préciser ce que signifie ce terme de distinction : il y a bien sûr des différences entre les animaux et les hommes, de même qu'il y en a entre les diverses espèces, entre les abeilles et les guêpes par exemple. Mais l'homme n'est-il qu'une espèce parmi d'autres ? La question semble plutôt de savoir si entre le règne animal et le règne humain, il y a une différence radicale, un saut qualitatif, si l'homme se sépare de l'animalité. Le sujet qui nous occupe pose la question de la légitimité de cette distinction, c'est-à-dire du droit. De quel droit affirmerait-on pareille distinction ? Autrement dit, au nom de quels critères ? Il va de soi qu'ici, la légitimité relève de la connaissance, et plus précisément de la connaissance scientifique. Mais on peut également penser que la question elle-même est légitime, parce qu'elle met en jeu certaines valeurs. En effet, pourquoi se pose-t-on cette question ? N'est-ce pas parce que notre comportement à l'égard des hommes et à l'égard des animaux dépend de la réponse ? Que se passerait-il si nous venions à affirmer qu'entre l'homme et la bête, il n'y a pas de différence ? La question serait donc légitime en ce sens qu'elle a une portée morale et philosophique.
L'attitude qu'a l'homme occidental moderne à l'égard des animaux est paradoxale ; elle est semblable à celle qu'il a à l'égard de la nature entière : il la détruit, et il en entretient le culte. Il n'a jamais tant aimé les animaux que depuis que, par sa faute, nombre d'entre eux sont en voie de disparition. Le campagnard d'autrefois, qui vivait parmi les bêtes de sa ferme,