Psychanalyse de phèdre
Le pivot du drame : Hippolyte (14)
Pour nous, l'orientation d'un drame implique qu'il possède un centre. Et le personnage qui occupe ce centre est celui en qui toutes les relations dramatiques se croisent. [...]
Ce personnage-pivot, centre de gravité de la tragédie, n'est pas nécessairement le plus émouvant ; le contraire est même la règle dans le théâtre de Racine et nous verrons le sens de cette disposition structurelle ; ainsi, dans Phèdre, c'est Hippolyte qui occupe le centre : aimé de Phèdre, amant d'Aricie, accusé d'inceste par son père, il se situe au point de croisement des trois grandes relations dramatiques qui charpentent la pièce, et pourtant il apparaît faible - c'est le centre toujours menacé de rupture par ta violence des passions écartelantes, si caractéristique de l'univers racinien.
[à noter que pour Mauron, le pivot du drame = l'instance du moi. Cf p. 20 : "Dans la situation dramatique d'
Andromaque, Pyrrhus nous représentera ce moi. Pourquoi Pyrrhus ? Parce que Pyrrhus se situe au point où toutes (es relations dramatiques se croisent. [...] Du point de vue psychologique, c'est Pyrrhus qui a te pou -voir de décision." La décision intervient par rapport au désir : "le désir amoureux triompherait s'il n'était tenu pour criminel par la jalousie justicière d'Hermione. Un désir sans scrupule et châtie - voilà le schéma très sommaire d'un fantasme dont on peut être sûr par avance qu'il est infiniment plus complexe et plus riche."]
Schéma du fantasme racinien d'après Andromaque, Britannicus, Bajazet (27 ss.)
Une fois de plus, le personnage central fuit une femme possessive, jalouse, virile, ayant sur lui des droits et des pouvoirs dont il voudrait se dégager ; nous le voyons d'autre part désirer la possession d'un être faible, désarmé, une captive. La flèche d'agressivité garde même origine et même sens LI la femme possessive étant toujours hostile au couple que le héros veut former et que le dénouement