Puis je penser ce que je veux?
Dans notre société actuelle, démocratique et occidentale, on a tendance à valoriser notre capacité et notre liberté de penser. Un adolescent, par exemple, croit être libre de s’habiller, de se comporter, et de penser de façon indépendante ; un syndicaliste est libre de ses opinions même s’il n’arrive pas à les faire entendre. Ainsi, chacun est persuadé de penser ce qu’il veut ; mais n’est ce pas une illusion ? Cette question, « puis-je penser ce que je veux ? », basée sur des termes apparemment simples, utilisés de façon courante dans la vie quotidienne (je peux, je pense, je veux) est en réalité plus complexe qu’elle ne parait. Elle induit une interrogation fondamentale : sommes-nous maitres de notre volonté et de nos pensées ; jusqu’où s’étend la liberté de notre conscience ? Ces questionnements touchent d’une part à la définition de notre essence humaine, caractérisée par nos désirs et notre conscience, mais aussi à la notion de liberté individuelle et collective. Tout d’abord, quelle relation y a-t-il entre pensée et sujet ? Par ailleurs, ce sujet pensant est il isolé d’autrui ? Plus généralement, sa liberté de penser est-elle façonnée par la vie en société ? Enfin, n’est ce pas au plus profond de lui-même que le sujet pensant rencontre les limites de la maitrise de sa conscience ?
En premier lieu, il parait primordial de s’interroger sur la signification du verbe penser. L’étymologie latine du mot nous indique en premier lieu qu’il s’agit de l’action de peser, de soupeser (« penso »). Cette image concrète implique donc que penser serait une activité volontaire de l’esprit, consciente. Mais alors, comment peut on être sur que cette activité est personnelle, intrinsèque au sujet? Est-il possible de « penser ce que je veux » ? Cela suppose la maitrise parfaite de ses réflexions et de ses désirs personnels, une pleine connaissance de soi même. Le sujet et sa conscience sont-ils intimement liés?
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