« Pulsions et imagination » dans Les contemplations de Victor Hugo
Depuis Les Confessions de J. J. Rousseau, l'œuvre littéraire a connu un renouvellement imposant. Il n'est plus question de parler des autres, de relater des faits épiques, historiques ou de représenter un « moi » caché grâce à des faits prédominés par la fiction, mais il s'agit de représenter le réel en parlant de soi, ce soi qui est un « moi », un « surmoi » et un « ça » implicite selon Freud et sa « deuxième topique » 1 publiée en 1923. En effet, derrière toute réalité apparente, se cache des désirs et des actes le plus souvent inaccomplis ou ratés. Selon le père de la psychanalyse, l'activité littéraire n'est pas seulement un chef-d'œuvre chargé de symboles explicites mais c'est le résultat d'un inconscient qui ne peut être contrôlé, c’est ce qu'il a d'ailleurs expliqué dans sa « première topique »2 publiée en 1900.
Depuis l'apparition de ces deux topiques, la psychanalyse est devenue presque inséparable des œuvres lyriques car elle leur a apporté ce que la philosophie n’a pas accompli. Il est vrai que grâce aux concepts philosophiques, les thèmes majeurs des préoccupations de l'Homme et de ce qui l'entoure ont été dégagés grâce à une analyse ciblée des textes littéraires mais jusque là, les mots étaient surtout une création fictive qui représente la réalité en la transfigurant sans chercher à mettre en évidence le vécu de l’auteur.
La psychanalyse, elle, en plus de considérer l'écrivain comme un créateur, un porte parole de ses semblables, voire de l’Humanité entière, donne une vision nouvelle et surprenante du psychisme humain. Derrière la beauté des vers, se cache des « névroses ratés ». Nous retrouvons alors une âme souvent blessée, des rêves déchus, des « actes manqués », des désirs refoulés dont nous ne connaissons souvent pas l'existence. Freud fait donc ressortir ces désirs inconscients par le biais de plusieurs méthodes