Qu'elle leçon peut t-on tirer des fables dont la morale est implicite
Ce qui suit est volontairement long, pour des raisons pédagogiques, car des explications détaillées m’ont semblé nécessaires.
Voici tout d’abord les textes :
Texte A : LES MéDECINS
Le Médecin Tant-pis allait voir un malade
Que visitait aussi son confrère Tant-mieux ;
Ce dernier espérait, quoique son camarade
Soutînt que le gisant irait voir ses aïeux.
Tous deux s’étant trouvés différents pour la cure,
Leur malade paya le tribut à Nature,
Après qu’en ses conseils Tant-pis eût été cru.
Ils triomphaient encor sur cette maladie.
L’un disait : Il est mort, je l’avais bien prévu.
— S’il m’eût cru, disait l’autre, il serait plein de vie.
Texte B : LA POULE AUX ŒUFS D’OR
L’Avarice perd tout en voulant tout gagner. Je ne veux, pour le témoigner,
Que celui dont la Poule, à ce que dit la Fable, Pondait tous les jours un œuf d’or.
Il crut que dans son corps elle avait un trésor.
Il la tua, l’ouvrit, et la trouva semblable
À celles dont les œufs ne lui rapportaient rien,
S’étant lui-même ôté le plus beau de son bien. Belle leçon pour les gens chiches :
Pendant ces derniers temps, combien en a-t-on vus
Qui du soir au matin sont pauvres devenus Pour vouloir trop tôt être riches ?
Texte C : LE VIEILLARD ET L’ÂNE
Un Vieillard sur son âne aperçut en passant Un Pré plein d’herbe et florissant.
Il y lâche sa bête et le Grison se rue Au travers de l’herbe menue, Se vautrant, grattant, et frottant, Gambadant, chantant et broutant, Et faisant mainte place nette. L’ennemi vient sur l’entrefaite : Fuyons, fit alors le Vieillard. — Pourquoi ? répondit le paillard.
Me fera-t-on porter double bât, double charge ?
— Non pas, dit le Vieillard, qui prit d’abord le large.
— Et que m’importe, dit l’âne, à qui je sois ? Sauvez-vous et me laissez paître : Notre ennemi, c’est notre Maître : Je vous le dit en bon François.