Qu'est-ce que l'humanisme ?
Qu'est-ce que l'humanisme? Le mot lui-même est récent (XIXe siècle), mais on peut définir le sens historique de la notion au moment de son apparition: l'humanisme fut d'abord une attitude de l'esprit qui mettait l'homme au centre de toutes les interrogations : "Je suis homme, et rien de ce qui est humain ne me demeure étranger" disent les humanistes avec Plutarque. Né en Italie au cours du XIVe et au début du XVe siècle (XVe = Quattrocento) ce mode de questionnement influença tous les savoirs et toutes les pratiques (les sciences, la morale, la politique, l'esthétique, la religion…) et se répandit dans l'Europe entière. On approchera ici l'humanisme par trois voies.
1) Le mouvement fondateur (caractéristique d'ailleurs de l'Occident depuis toujours) fut centré sur la question de la valeur et de la légitimité de la culture écrite : ad fontes, "aux sources", ce "retour aux textes" fut d'abord la redécouverte des manuscrits antiques que l'Europe médiévale avait oubliés dans les monastères, ou que les Arabes seuls avaient conservés. Redécouvrir, cela signifiait aussi relire, situer, discerner. Les textes furent dès lors considérés comme des traces matérielles concrètes, produites par des hommes, et semées dans l'histoire des civilisations. Il fallait donc connaître les langues de ces textes pour les comprendre, non seulement le latin de la tradition médiévale, mais le grec et l'hébreu; il fallait aussi connaître l'histoire, les cultures, les littératures. Ce programme immense et neuf, on l'appelait litterae humaniores (des "lettres qui vous rendent plus humains") ou encore studia humanitatis. Les poètes y participaient aussi, et leur ambition fut d'égaler les modèles antiques dans une écriture et une langue modernes; ce fut l'origine du mouvement de La Pléiade.
2) L'humanisme mit au premier plan l'individu, comme force concrète dans le monde et comme destin. Au contraire du clerc médiéval, contemplatif et retiré, l'homme de pensée développa des