Qu Est Ce Qu Un Prejuge
Y a-t-il de bons préjugés ?
Faut-il respecter les traditions ?
Penser, est-ce rompre avec les traditions ?
Peut-on tout démontrer ?
1° Eloge du préjugé
Le jugement réfléchi ne joue qu’un rôle secondaire et limité dans nos conduites. Non seulement on ne peut pas en finir avec les préjugés, mais c’est un préjugé de croire que l’homme peut être un pur esprit sans convictions, intuitions, sentiments, donc sans préjugés.
Nos préjugés sont :
a) naturels : l’enfant préjuge que ses parents lui disent la vérité
b) nécessaires : il faut bien faire confiance en son médecin
c) indéracinables : les traditions, les coutumes…
Notre survie et notre adaptation exigent certains préjugés. Nous sommes bien contraints de croire ce que nous voyons quand nous traversons la rue, et généralement, nos sens ne nous trompent pas. De même, nous sommes conduits généralement à faire confiance aux autres. Je fais confiance aux commerçants chez qui je vais faire mes courses, au médecin chez qui je me rends… Une vie de méfiance perpétuelle serait insupportable. Nous ne pouvons vivre en société que parce que nous nous appuyons mutuellement sur les informations que nous nous donnons les uns les autres.
2° L’impératif de se libérer des préjugés
Kant a résumé dans une formule célèbre l’esprit des Lumières : « Ose penser. Aie le courage de te servir de ton propre entendement ». Penser avec sa raison, telle est la devise des Lumières. C’est la raison, toute-puissante, contre la tradition et les coutumes. En effet, depuis Descartes, la rationalité moderne se constitue surtout dans le rejet de la tradition, perçue comme un ensemble de préjugés irrationnels.
Des préjugés ne sont pas des pensées. Ils existent justement parce qu’ils n’ont pas été jugés : les préjugés ne témoignent pas d’une nature viciée, mais d’un jugement qui n’a pas été effectué. En finir avec les préjugés, c’est donc décider de bien juger. Supprimer les préjugés est une affaire de volonté et de méthode, c’est