Qu'est-ce que le pouvoir symbolique ?

On admet communément des symboles comme des formes à sens unique et à caractère conventionnel au sein d'une société donnée. On dit par exemple que le bleu est le symbole de la Vierge Marie dans la peinture occidentale, tout comme les coquelicots à couleur de sang y sont souvent utilisés comme une métaphore pour désigner les règles menstruelles. S'interroger sur le pouvoir symbolique, ce n'est cependant pas tout-à-fait s'interroger sur l'origine de toutes ces significations mais sur une expression précise. Plus particulièrement, le substantif « pouvoir » pose problème en ce qu'il renvoie à la fois à une capacité à construire des symboles et une capacité du symbolique. En d'autres termes, on peut être conduit à vouloir définir le « pouvoir symbolique » en même temps que nous interroger sur le pouvoir qu'exerce la symbolique. C'est pourquoi on peut se demander : qu'est-ce-que le pouvoir symbolique ? Pour répondre à cette question, on se demandera dans un premier temps si le pouvoir symbolique est un pouvoir proprement humain puis dans un second temps, si ce n'est pas également un pouvoir qui s'exerce sur l'homme. Enfin, on se demandera s'il ne renvoie pas aux fondements même de la culture humaine.

Si l'on définit le symbole comme simple coalescence d'une forme et d'une signification donnée, on peut penser que la capacité à donner du sens aux mots ou aux signes est également une caractéristique animale. C'est, en tout cas ce que suggèrent certaines expériences scientifiques comme celle des singes anthropoïdes et des « jetons-récompenses » menée par Wolfe où les animaux ont appris à répondre à des jetons substitués à la nourriture-récompense, comme à la nourriture elle-même. On peut en outre observer des formes de langage. Wolfgang Koehler affirme par exemple que les singes sont parvenus, au moyen de gestes, à un moyen d'expression tout-à-fait remarquable. Ils pouvaient facilement exprimer la terreur, la fureur, le