S'il y a une chose dont les hommes sont, en général, convaicus, c'est qu'ils possèdent entièrement leur liberté de penser, et qu'il est impossible qu'ils puissent la perdre.Il nous est difficile d'admettre que notre liberté de penser puisse être menacée de quelque manière que ce soit. Nous pensons librement car personne ne peut intervenir sur cette activité qui se réalise à l'intérieur de nous-mêmes. Nous pouvons penser ce que nous voulons, en toute liberté.

Or, Kant soutient le contraire dans ce texte. Selon lui, notre liberté de penser est menacée de différentes manières et peut même être perdue. Comment est-ce possible ? Comment ce qui se déroule entre moi et moi, et ce qu'il y a de plus intime, à savoirma capacité de penser, peut-il m'être enlevé ? En principe, c'est impossible. Pourtant, n'est-ce pas faire fi de la pression qu'exercerait sur nous notre environnement. En ce sens, notre liberté de penser , n'a-t-elle pas besoin d'un "climat" politique qui la favorise ? N'a-t-elle pas aussi besoin de ne pas subir l'inluence néfaste des autres sur nous ? Enfin, le penseur lui-même se donne-t-il les garanties pour ne pas perdre sa liberté de penser, en la protégeant et en l'alimentant par un usage régulier ? Tels sont les moments qui structurent le texte de Kant.

Ce thème de la liberté de penser qui implique la nécessité de penser par soi-même est un enjeu primordial pour la philosophie des lumières. Celle-ci se fonde sur un sujet doué de raison, capable d'en faire usage par lui-même, pour pouvoir prétendre à une réelle autonomie. L'enjeu est de taille car un homme qui ne possède pas cette liberté de penser risque fort d'être soumis à la volonté de quelqu'un d'autre. C'est le risque de ne pas être un citoyen digne de ce nom, voire d'être à la hauteur de sa propre