Quand Marine le pen monte au front
Les suffrages en faveur du Front National ont presque doublé. Marine Le Pen a ouvert une nouvelle ère au FN, pour le meilleur ou pour le pire. Il va sans dire que les provocations de son père en avril dernier, à savoir la confirmation de ses propos litigieux quant aux chambres à gaz, eurent tôt fait de lancer une nouvelle polémique qui, semble-t-il, a prétexté son exclusion définitive. Ainsi, on a aujourd’hui un nouveau FN qui veut changer de nom pour devenir un parti « comme les autres ». Y a-t-il une totale rupture avec les idées d’avant 2011 ?
D’abord, il va sans dire que Marine Le Pen a adopté une stratégie radicalement différente de celle de son père : la voie vers la « normalisation ». Le parti s’apparente aux autres, dans le sens où la majorité de son programme est devenu économique (voire matérialiste). Néanmoins, on peut discerner au Front National certaines mesures (efficaces?) qui en font sa particularité : prédominance française sur les traités européens, sortie de l’OTAN qui permettrait à la France de retrouver son indépendance vis-à-vis des Etats-Unis, une protection intelligente aux frontières « permettant de lutter contre la concurrence déloyale des pays à très bas coût de main d’œuvre et les délocalisations qui en sont les conséquences »*, l’expulsion des clandestins, réduction des impôts qui étouffent l’économie, rétablissement de la préférence nationale, suppression du regroupement familial, réduction de l’immigration légale de 200 000 à 10 000 entrées... Par ailleurs, Marine Le Pen prône la sortie de l’euro qui « n’a tenu aucune de ses promesses »*. Cette dernière mesure fait controverse : pour beaucoup d’économistes, l’euro est en effet un échec mais une grande partie d’entre eux ne croit pas en un retour possible au franc. En effet, y revenir et le faire dévaluer pour relancer l’industrie risquerait d’augmenter sensiblement la dette, de provoquer une baisse du pouvoir