Quand se lassera-t-on d'imaginer?
PROBLEMATISATION
POURQUOI CETTE QUESTION ? * La formule prend son origine dans la Pensée 72 : Disproportion de l’homme de Pascal : « Que l’homme contemple donc la nature entière en sa haute et pleine majesté, qu’il éloigne à sa […] Si notre vue s’arrête là, que notre imagination passe outre, elle se lassera plutôt de concevoir que la nature de fournir ». Pascal pense à une imagination proche de l’entendement – « que l’imagination passe outre », une imagination comme toutes les ressources de l’esprit : elle se lasse de concevoir, et quand elle abandonne, la nature elle n’abandonne jamais ; nous sommes limités par rapport à l’illimité de l’univers. L’idée met en avant la faiblesse de l’imagination par rapport aux productions naturelles. Et l’imagination pourrait se lasser justement parce qu’elle est impuissante par rapport à la nature. Mais d’un autre côté, peut être qu’on ne se lassera jamais d’imaginer par jalousie de la nature. Les physiciens ne cherchent-ils pas à se rapprocher de la puissance infinie de la nature ?
LA PENSEE SE REGLE SUR DES IMAGES RECUES * Platon, comme Comte, Bachelard et même Malebranche insistent à leur manière sur le dépassement nécessaire de l’image. L’image nous bloque forcément ; la forme de l’image enferme la pensée. Par exemple, le géocentrisme : cette image est très forte, simple, et c’est pour cela qu’elle est nocive, justement car nous avons du mal à en sortir. L’imagination nous trompe et révèle notre faiblesse à chercher la simplicité. La question est donc de savoir quand en aura-t-on fini avec cette imagination qui nous bloque. On a donc ici la mise en concurrence de deux composantes contradictoires de l’imagination : La pensée par image qui bloque par des représentations figées et l’imagination qui dynamise l’esprit qui nous permet de sortir d’une forme imposée. Dans une perspective platonicienne, les êtres humains auront acquis suffisamment de maturité lorsqu’ils ils seront fatigués