Quand vous serez bien vieille
Dans les pathétiques sonnets à Hélène, succédant aux amours de Cassandre et Marie, caractérisé par un lyrisme plus élégiaque, le prince des Poètes, Ronsard ''Grison'', hanté par la vieillesse et la mort, s'en remet à son art pour célébrer la belle et froide Hélène, suivante de Catherine de Médicis, et ce en pure perte. Dans le sonnet le plus célèbre du recueil, ''Quand vous serez bien vieille'', s'inspirant de poètes antiques et de François Villon, Ronsard, par une anticipation frappante de la vieillesse de sa belle et de sa propre mort, rend hommage à la poésie et aux poètes en exprimant un credo épicurien. Comment le poète exprime-t-il cet hommage? Nous répondrons à cette question en étudiant tout d'abord la composition et la progression du poème, marqué par une temporalité absente, puis la figure de l'Artiste, enfin la célébration de la poésie.
I/ Composition et progression du poème
Ce poème est un sonnet d'alexandrins. Il est composé de 2 quatrains et deux tercets (les quatrains s'opposent aux tercets, c'est une règle). L'évocation par anticipation de la vieille Hélène se poursuit aux tercets, donc la règle n'est pas suivie. L’évocation est même approfondie, Ronsard parlait de ''bien vieille'', il passe à ''une vieille''. Cette expression est beaucoup plus réaliste, plus brutale aussi par sa propre mort. Un parallèle est établi entre son sort à lui et son sort à elle. Mais une opposition apparaît aux deux derniers vers par rapport au reste du poème. En effet, il y a une impression de sursaut, doublé d'une injonction amicale ''carpe diem'' ; profite du moment présent. Le poète ne cherche pas à ménager Hélène, il lui fait peur par une anticipation de la vieillesse, il procède à une anticipation frappante, ''serez'' ''direz''. Le futur contraste est exprimé à l'imparfait, codant pour le présent actuel. Le subjonctif du vers 7 montre la généralité, la totalité, automaticité des servantes lorsqu'elles