Que la beauté l'orne
Que la beauté l’orne… c’est le souhait que formule le Vénérable Maître à l’ouverture des travaux en loge maçonnique. J’avoue que ce souhait m’a toujours un peu dérangé. Que la beauté orne nos travaux, qu’elle soit la cerise sur le gâteau, pourquoi pas ? Mais je pensais que des recommandations plus essentielles auraient pu être faites, comme par exemple des recommandations de rigueur dans la recherche du bien et du vrai. C’est mon travail sur la Divine Comédie de Dante qui m ‘a fait prendre conscience que le concept de beauté dépassait largement la fonction décorative que je lui attribuais.
De toute évidence, dans l’esprit maçonnique le concept de beauté, placé au centre de nos activités d’atelier, doit avant tout être considéré comme outil pédagogique destiné à nous aider dans notre démarche initiatique. Quel est alors le véritable sens que le Vénérable Maître attribut à ce mot beauté ? Nous ne pouvons aborder cette question sans nous interroger au préalable sur la nature du beau, sur la manière de l’appréhender et sur ce qu’il nous apporte.
Alors, qu’est-ce que la beauté ? Comment la définir? Comment la reconnaître ? Difficile de répondre. Chacun a sa propre opinion là dessus. C’est un mot que nous utilisons tous azimuts. Ne dit-on pas une belle voiture, une belle femme, un beau match de rugby, un beau tableau, un beau paysage, un bel opéra, une belle action, une belle âme? Pourquoi colle t-on l’épithète « beau, belle » à des exemples aussi variés? Les plaisirs que nous procurent ces exemples sont en effet de nature très différentes et d’inégales intensités, mais ils ont tous un point commun : ils sont désintéressés, gratuits, sans demande de réciprocité. Ils nous apportent une sensation plus ou moins profonde de bien-être, de joie intérieure, d’harmonie avec les choses et les êtres qui nous entourent. Au contraire, les autres plaisirs sensuels comme ceux du bien manger ou du sexe viennent d’un désir de consommation