Quel est le rôle des histoires dans fin de partie
Comme d’autres ont introduit le théâtre dans le théâtre, Beckett introduit lui, des histoires dans son histoire. La pièce contient plusieurs récit –ressassés- : l’histoire du tailleur et de l’anglais racontée par Nagg (p. 34 à 36), et le roman de Hamm en trois « épisodes » : pages 69 à 72, 79 à 80 et 109. Les deux histoires sont constituées par des dialogues, dialogue entre le tailleur et son client anglais, et dialogue entre le narrateur (Hamm ?) et l’homme qui supplie (le père de Clov ?).
I - Les faux apologues.
Nagg et Hamm miment les personnages en changeant d’intonations au cours du dialogue, en utilisant alternativement les discours direct, et indirect, ce qui donne de la théâtralité à leurs récits. Ils jouent le récit en quelque sorte comme une scène de théâtre, comme le montrent les didascalies. Mais en même temps ils ajoutent des commentaires sur leurs « prestations » qui brisent l’illusion du théâtre : » Je raconte cette histoire de plus en plus mal » (p.35), « Ca c’est du français ! » (p.70). La différence entre eux vient du fait que Nagg est simple récitant de son histoire, tandis que Hamm en est aussi l’auteur: « Je n’en ai plus pour longtemps avec cette histoire. A moins d’introduire d’autres personnages » (p.72-73).
a - L’apologue de Nagg.
Dans la pièce, deux récits peuvent se lire comme des apologues. L’histoire drôle de l’anglais et de son tailleur racontée par Nagg à Nell pour la faire rire (p. 34-36) semble signifier qu’il faut s’attacher à la perfection des choses qui nous entour plutôt que de chercher la beauté dans le monde qui nous est inaccessible. Mais Nagg raconte cette histoire pour faire rire, qui elle relève du burlesque, donc l’orgueil du tailleur est ridiculisé par l’admiration qu’il porte à son « PANTALON » -mot mis en majuscules- le rend grotesque. Cette solution –là -la beauté du quotidien- ne trouve as grâce aux yeux de Beckett qui stigmatise plutôt l’aveuglement