Quelle valeur travail ?
Le 15 octobre 2009, un nouveau salarié de France Télécom se suicidait à Lannion dans les Côtes d’Armor. Ce suicide fait suite à une tentative équivalente d’un autre salarié deux jours plus tôt. C’est le 25ème suicide en moins de vingt mois au sein de France Télécom. Ainsi, Cet évènement tragique, en apparence isolé, traduit une réalité beaucoup plus profonde, qui dépasse de loin la seule entreprise France Télécom. Il y aurait selon l’expression de Christophe Dejours une « souffrance au travail ». Pour autant, le travail reste un facteur d’intégration, de socialisation, et d’accomplissement de soi majeur dans notre société moderne. Cela est d’autant plus visible lorsque l’on regarde l’opinion qu’ont les individus des chômeurs. Dans le sens commun, ils sont perçus comme des « exclus » et des « assistés » qui vivent aux dépends de ceux qui travaillent. En témoigne la question récurrente que pose aujourd’hui toute personne qui en rencontre une autre : « Tu fais quoi dans la vie ?». « Etre » c’est avant tout faire quelque chose de sa vie, et « faire » renvoie à une réalité : le travail. Si le travail pousse aujourd’hui des hommes à mettre fin à leur existence, alors que pour autant il est une composante majeure de cette existence, cela mérite que l’on s’attarde sur la manière dont est perçu le travail dans notre société. En d’autres termes qu’en est-il aujourd’hui de la valeur travail ? Il importe avant tout de bien définir ce que l’on entend par valeur travail. Tout d’abord, notre sujet ne concerne pas la valeur-travail (avec un tiret) qui renvoie à un concept économique dont il serait inutile ici, de faire état. Il est judicieux de séparer les termes pour mieux les comprendre. Le travail désigne l’application nécessaire pour faire quelque chose, mais il peut désigner aussi le résultat de ce cet effort. Une valeur peut être une mesure de l’intérêt d’un être pour une chose suivant l’estime qu’il lui porte. Mais une valeur peut