Quentin varin, les noces de cana
Quentin Varin, Les Noces de Cana, 1618
Huile sur toile, Rennes, Musée des Beaux-Arts.
INTRODUCTION
On considère communément que le XVIIe siècle français est le siècle du classicisme. Cette expression cache cependant une réalité beaucoup plus complexe : en effet, si les deux derniers tiers de ce siècle méritent sans doute cette dénomination, il n’en va pas de même pour les premières décennies de cette période, toujours marquées par l’esthétique maniériste du XVIe siècle, telle qu’elle s’était par exemple développée à Fontainebleau, en privilégiant les raffinements de la forme et de l’expression. On peut donc dire qu’il faut attendre vers 1630/40 pour que s’affirme un style français original et indépendant. Au début de ce siècle, le renouvellement artistique semble quelque peu ralenti. L’Eglise reste cependant le principal commanditaire : entre 1616 et 1621, la façade de l’église Saint-Gervais-Saint-Protais à Paris utilise les trois ordres antiques, marquant ainsi l’avènement du classicisme architectural. C’est en 1618 qu’un retable monumental à colonnes est commandé pour orner le chœur de cette église ; le tableau central, représentant Les Noces de Cana, est exécuté par Quentin Varin, artiste au carrefour de diverses influences et marquant sans doute, ce qui sera ma problématique principale, la fin du maniérisme, ouvrant par la même à sa mesure le « Grand Siècle » français.
I- Les Noces de Cana : la réalisation majeure d’un maniériste français tardif
a) Quentin Varin : quelques éléments d’une biographie fragmentaire.
- Quentin Varin naît vers 1570. La découverte d’un contrat d’apprentissage par l’abbé Requin, acte passé devant notaire à Avignon en 1597 avec Pierre Duplan, peintre, prouve textuellement qu’il était, je cite de « Beauvais, en Picardie ». Sa date de naissance est à peu près connue grâce à un extrait du registre de la municipalité d’Amiens, en 1609, lorqu’il fut reçu bourgeois de la