Question sur le corpus: molière, rostand, claudel, anouilh
(Molière, Rostand, Claudel, Anouilh)
I QUESTION SUR LE CORPUS
Les quatre textes qui composent ce corpus nous invitent à réfléchir sur le statut du spectateur. Les deux premiers (textes A et B) se réfèrent à une époque -le XVIIe siècle- où le public du théâtre était plus bigarré que celui d’aujourd’hui : il s’agit d’une scène d’une comédie de Molière, La critique de l’Ecole des femmes, écrite en réponse à la polémique suscitée par la représentation de L’Ecole des femmes en 1663, et de l’ouverture d’un drame de Rostand de la fin du XIXe siècle, Cyrano de Bergerac, dont l’intrigue est située en 1640. Les deux autres scènes sont tirées de pièces écrites durant la première moitié du XXe siècle : la « scène première » d’une vaste composition de Claudel, Le soulier de satin (1929), et le prologue de la réécriture d’Antigone par Jean Anouilh en 1944. Tous ces extraits impliquent le spectateur dans le discours tenu sur scène, soit en lui donnant une place à l’intérieur même de la fiction représentée, soit en établissant un contact avec lui à l’ouverture de la pièce.
Ainsi, les textes de Molière et Rostand, d’une part, invitent à réfléchir à la position du spectateur par le biais de l’intrigue représentée. Il s’agit dans la pièce de Rostand (tx B) de « théâtre dans le théâtre », puisqu’on nous donne à voir les conditions d’une représentation : « la salle » constitue un personnage collectif qui se manifeste par ses « cris » ou ses gestes ; tantôt on signale la réaction isolée d’un spectateur dans les didascalies («Un page » l. 12, « Un spectateur » l. 7), tantôt la scène retentit des « murmures » collectifs (8e réplique). Cette mise en abyme offre au spectateur une image dans laquelle il peut se reconnaître, même si l’époque impose une distance. Molière, pour sa part (texte A), porte sur la scène un débat à propos de la pièce qu’il a fait jouer précédemment : les personnages de la fiction se retrouvent donc dans le rôle de spectateurs invités