Questions preliminaires les spectres au theatre dissertations et mémoires
L’intrigue
Sur un île indéterminée, dans une forêt indéfinie, à une distance incertaine d’un hospice et dans un moment vaguement situé entre les vêpres , le crépuscule et la nuit, un groupe d’aveugles attendent. On les a sortis, beaucoup plus tôt, parce que le soleil, paraît-il, luisait. Mais il commence à faire froid, la faim se fait sentir. Il faudrait que le prêtre se décide à les guider sur le chemin du retour. Parti chercher de l’eau, il tarde à revenir. En attendant, les cinq aveugles ne peuvent compter que sur quelques échos lointains d’un clocher, quelques cris d’oiseaux, quelques odeurs de fleurs, pour les informer, et sur un enfant qui voit mais ne parle pas encore. Par ses pleurs .. nous percevons obscurément qu'il se trame quelque chose.
L’idée de la mise en scène :
Le texte de la pièce est constitué de paroles échangées entre des aveugles. Ces dialogues sont issus du monde de la cécité : nombreux recours aux descriptions des objets touchés, au questionnement mutuel, et à l’expression orale de sentiments (tel que l’inquiétude) qu’ils ne peuvent pas exprimer par des gestes ou des attitudes. L’ensemble de ces dialogues forme un tout cohérent, avec une intelligence propre au monde des aveugles ; il peut être compris sans le recours à la vue. La pièce peut donc être entièrement jouée dans le noir absolu. Le spectateur se retrouve dans ce cas au même niveau que ces aveugles, en ayant la même compréhension de la situation. N’ayant pas plus qu’eux de réponses à leurs interrogations, il se retrouve à l’unisson de leur tragédie.
Une mise en scène inversée pour un changement de point de vue.
La pièce est normalement jouée dans la pénombre. Des éléments clés sont visibles dès le lever du rideau. Cette connaissance de la situation met alors le spectateur dans une position injustement supérieure à celle des aveugles, créant une distance entre ceux qui savent dès le début et ceux qui ne peuvent pas