Qui parle quand je dis "je"?

3973 mots 16 pages
Qui parle quand je dis "je" ?

Selon toute évidence, c'est bien moi qui parle quand je dis "je". Comment pourrait-il en être autrement ? Ne serait-ce pas soutenir un bien obscur paradoxe que d'estimer que ce "je" désigne un autre que moi, ou bien autre chose que moi-même ? En effet, dire "je" marque une présence immédiate et claire de soi à soi, sans que l'on puisse, semble-t-il, douter un seul instant de la réalité de cette présence. Le "je" est donc bien l'expression et le signe non problématiques de mon identité, si peu problématique qu'il semblerait bien absurde de soutenir le contraire. Comment le sujet pourrait-il devenir une énigme pour lui-même ?

Toutefois, ne peut-on mettre en doute une telle certitude ? Loin d'être des évidences, cette claire présence de soi à soi et cette unité du sujet ne sont peut-être que des apparences, qui pourraient prendre place parmi les ombres dont Platon nous invite à nous détourner dans son mythe. En effet, malgré toute la confiance que nous lui accordons spontanément, ce "je" n'est peut-être, après tout, qu'une figure superficielle de notre identité. Cette confiance que nous lui accordons ne repose peut-être que sur son rôle discursif : est-il autre chose qu'une nécessité grammaticale ?

Dans une telle perspective, ce que je suis excède ce que j'ai conscience d'être. La conscience de soi ne serait qu'une manifestation parmi d'autres de cette identité, que je ne maîtriserais pas totalement. Or, en mettant ainsi en crise la subjectivité, ne risque-t-on de renoncer à toute liberté et à toute morale ? Comment pourrais-je m'estimer reponsable de mes actes comme de mon discours, si ce n'est pas moi qui parle lorsque je dis "je" ? Si ce "je" n'est qu'une illusion métaphysique, qui ne résiste pas à l'examen, n'a-t-il pas pour autant une fonction éthique et politique?

Dans un premier temps, nous verrons en quelle mesure le sujet apparaît comme l'expression essentielle de l'identité, puis nous examinerons

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