Résumé bergson
Bergson prétend par là non seulement proposer une nouvelle philosophie, mais transformer la façon même de philosopher. « Tous les cadres craquent, ils sont trop étroits, trop rigides surtout pour ce que nous voudrions y mettre », écrit-il dans l'introduction de L'Évolution créatrice.
C'est cette « nouvelle méthode de penser » qu'il applique à la construction de la notion de durée dont il sera question ici. Pour s'orienter dans une argumentation exigeante et dense, il n'est pas inutile d'avoir en tête l'idée directrice qui sous tend tout le développement. On peut schématiquement – trop schématiquement, mais on y reviendra largement – l'énoncer ainsi : la notion de temps telle qu'elle est utilisée par la science, telle qu'elle est utilisée aussi dans la vie sociale, est totalement incapable de rendre compte de ce qu'est la durée réelle. Ce temps nombré, mesuré, divisé en heures, minutes etc., convient parfaitement à la pensée scientifique dont la visée est essentiellement la quantification et la mesure ; il convient également aux nécessités de la vie sociale – il faut bien être à l'heure à ses rendez-vous et donc fixer des repères – mais il n'a rien à voir avec ce flux continu, cette pure durée qui est la donnée fondamentale de la conscience. Ce temps