Résumé sur "les images du travail à la chaine" de a. michel
Cette thèse traite de la mise en place du travail à la chaîne aux usines Renault entre les deux guerres. Elle propose une approche technique, sociale et culturelle d'un effort particulièrement tenace pour organiser et rationaliser la production des automobiles de série. Les archives visuelles (cinéma, photographies, plans d'implantation) y sont confrontées aux autres corpus. Pour éviter de reléguer les images au rang d’illustration ou les considérer comme des preuves, nous proposons une méthode d’analyse historienne des documents visuels qui leur confère un statut documentaire indispensable à la compréhension de l’activité industrielle.
Dans une première partie, nous analysons la façon dont le cinéma met en scène l’activité de production afin de rendre spectaculaire une action industrielle complexe. La seconde partie s’appuie sur le fonds photographique de
Renault pour observer les changements opérés sur les installations. La troisième partie utilise une série de plans industriels afin de distinguer les différentes échelles de la production.
Par une approche localisée de quelques cas d’ateliers, nous replaçons ces images dans le cadre du processus de fabrication de l’usine et dans le contexte d’un processus de rationalisation de la grande industrie française. Les sources visuelles permettent de constater que le travail à la chaîne fut en même temps un dispositif pratique
(parfois modeste) et une installation emblématique de l’usine moderne. Le cas de Renault est un bon exemple pour illustrer l’écart entre l’idéal de production de masse – influencé par le modèle américain – et la pratique industrielle qui compose avec d’autres techniques de fabrication.
Cette thèse montre que le désir de rationalisation de la première moitié du XXe siècle n’a pas conduit chez
Renault à une réelle fluidité du processus de production. À différentes époques, l’usine présente des installations
qui