Récits d'un monde d'ailleurs
450 mots
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C'est l'hiver. Les Hibiscus transgressent légèrement la neige pâle, comme un soleil de matin qui transcenderais une fine dentelle blanche. Pourtant, le soleil est à son plus haut point dans le ciel. Il domine et soumet ce manteau blanc qui malgré cela y résiste dur comme fer, même sachant que ça ne durera pas longtemps. Osterian était une longue plaine située dans le nord du pays, cassée sur son bord occidental par la mer gelée, de laquelle découlait de nombreuses légendes aussi farfelues les unes que les autres. C'était justement cette mer que Westerly, jeune aventurier pacifique, admirait actuellement. Sa fonte lente créait un éclat abstrait sur le haut de la coque de glace, évoquant dans son esprit une sorte de joie intérieure qu'il ne pouvait définir. Cachant ses yeux du soleil et fronçant les sourcils, il pouvait apercevoir au loin la baie de Rodir, petit port contrôlé par les Nains, à laquelle on voyait souvent de nombreux bateaux accoster puis repartir, formant une danse de voiles blancs et fins. Pendant l'hiver, la baie de Rodir était l'une des seules côtes à voir venir des bateaux, car les Nains avaient construit et fixé au-dessous des navires une sorte de fines lames à tranchants suffisamment neutres pour ne pas fissurer la glace, mais glissant dessus comme un vent d'automne léger qui ne laisse qu'un maigre sillage. Observer ces bateaux était un passe-temps comme un autre à Dargonera. Finalement, voyant les nuages se lever au nord, Westerly décida de continuer son chemin en direction de Rêvydar, petit village situé plus au sud, où sa mère lui avait dit qu'il trouverai les meilleurs qualités de viande d'ours de la région. Effectivement, c'était jour de fête aujourd'hui. Sa mère venait d'accoucher son nouveau frère, du signe astrologique du lion et dont la vieille voyante du village avait prédit un grand avenir. Ce n'avait pas été le cas de Westerly, qui fut abandonné par son père lors de sa venue au monde, et qui dut aider, seul, sa mère durant