Régime politique
Journal of mediev al and humanistic studies
4 | 1997 : Être père à la fin du Moyen Âge
Les limites de l'autorité paternelle face aux droits patrimoniaux dans le Gévaudan médiéval (fin XIIIe-fin XVe siècles)
PHILIPPE MAURICE
Texte intégral
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Sous l'Ancien Régime, l'autorité du père nous paraît souv ent incontestable, peu éloignée de la patria potestas romaine 1 . Mais les juristes ont décelé une différence bien nette entre ces deux formes du pouv oir paternel en constatant que les droits du père romain ne cessaient qu'à la mort de ce dernier, alors que les coutumes des div erses régions de la France limitaient l'ex ercice du pouv oir du père, dans le temps, du fait de l'accès à la majorité de l'enfant 2. Nos trav aux sur le Gév audan nous autorisent à aller plus loin et à affirmer que le pouv oir paternel était susceptible d'être contesté. Cependant, nous rappellerons que l'autorité d'un homme dépend de deux rapports de force, l'un est primitif et relèv e de l'ascendant personnel ex ercé par un indiv idu, l'autre est social et découle du Droit 3. La conjugaison de ces deux influences détermine le rôle et la place de chacun dans le cadre des relations humaines et, en l'occurrence, dans la cellule familiale. L'ascendant du père est une donnée subjectiv e difficile à appréhender, sauf à l'aide de documents spécifiques, comme les lettres de rémission ou les chroniques par ex emple. Une certitude s'impose, le pouv oir dépend généralement du sex e (masculin), de l'âge (le plus ancien) et du rang dans l'ordre généalogique (le père, v oire le grand-père) qui déterminent tous un ascendant naturel et confèrent une aura de force, d'ex périence et de
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sagesse. Le chef de famille est donc le père le plus âgé, ou « le v ieux père » lorsqu'un aïeul v it encore 4. Dans cet article, notre réflex ion s'étaiera principalement sur les sources notariales, afin de démontrer que les droits dont chaque membre