L’idée principale de son observation est de définir les véritables fondements de la plage, un lieu représenté comme prônant la liberté de chaque individu qui s’y trouve. L’auteur a toutefois pu observer qu’il y a malheureusement (et couramment) une contradiction entre ce que les gens pensent et ce que les gens disent. En effet, les individus qui ont répondu aux questions concluent rapidement qu’ils respectent les droits de chacun, que «chacun fait ce qu’il veut », notamment de « faire les seins nus ». Les gens se définissent comme « tolérants » en autant que « ça ne les dérange pas ». Par contre, la plupart des personnes interviewées sous-entendent qu’il y a des limites à respecter et qu’ils voudraient « réglementer » la plage. Ils catégorisent les gens, insistant sur la beauté et la jeunesse sur la plage, sur ce qui est présentable et ce qui est en « normes ». Les personnes « exclues », donc celles qui divergent des normes par leur anatomie ou leurs agissements, sont subtilement pointées du doigt par les autres, c’est par les regards d’autrui qu’ils comprennent qu’ils ne font pas partie du standard idéalisé de la plage : «En regardant bien, on remarque toutefois, surtout sur les grandes plages, peu de gros, de vieux et de laids […] les regards et mille petits message inaudibles font comprendre à ceux qui dérogent qu’ils sont la cible des critiques. Ils sont tolérés mais irrévocablement condamnés, disqualifiés ». La tolérance est en fait, sur la plage, une sorte de paresse intellectuelle, une
« indifférence » pour ne pas avoir à trop raisonner ou approfondir son point de vue : « le malheureux qui a tous les droits demeure malgré tout ce qu’il est : la tolérance vue non pas sous l’angle du droit à la différence mais comme un pardon des fautes. […] La tolérance a du mal à s’exprimer de façon absolue. Malgré le silence de rigueur, la plage est travaillée par l’envie d’énoncer ses jugements et condamnations